Profil. Hendrik Haers est né en 1980 et a grandi à Bassevelde, une petite commune rurale du nord-ouest de la Belgique. Très tôt, il a trouvé son chemin dans le biotope que ses parents avaient prévu pour lui : une vieille ferme pleine d’animaux, de plantes, d’arbres : des canaux pleins de grenouilles, des fleurs pleines de papillons, …
La vie s’est poursuivie tranquillement après l’école maternelle, primaire et secondaire. Lorsqu’il a fallu choisir « et maintenant ? », le pendule s’est déplacé un peu plus vers la médecine vétérinaire, au détriment de la biologie. Cela s’est très bien passé et plusieurs dizaines de milliers de kilomètres à vélo plus tard, il a obtenu son doctorat en médecine vétérinaire. En 2015, il choisit de quitter son poste à l’université et décide de consacrer sa vie à la biologie. Il devient chef de chantier chez Pro Natura, une entreprise sociale spécialisée dans la gestion des espaces verts et de la nature. Depuis 2020, il y travaille dans le domaine de l’écologie responsable.
Pourquoi ce changement soudain de carrière ? En 2009, il a rencontré Sara. Le premier cadeau qu’elle lui a fait a été une formation de base (et plus tard un perfectionnement) en tant qu’apiculteur. Depuis lors, son intérêt pour ces êtres intrigants et leur organisation en tant que véritable super organisme n’a fait que croître. Après un cours de guide de la nature en 2010, ses sens se sont aiguisés et il a commencé à mieux voir et lire son environnement. Il ne voyait plus de grenouilles dans les canaux et les étangs de sa jeunesse et plus de papillons sur ses fleurs bien-aimées. Les bourdons et les abeilles solitaires semblaient également s’être éteints.
Ses abeilles mellifères n’ont pas non plus eu la vie facile. Elles sont mortes massivement, affaiblies par des parasites et des virus. Il a dit adieu à l’apiculture intensive et a radicalement cessé de pratiquer les interventions dérangeantes que les apiculteurs avaient introduites dans leur quête d’un miel toujours plus sucré. Depuis 2014, il étudie l’apiculture naturelle (apiculture apicentrique). Laissons les abeilles redevenir des abeilles, libérées du rôle d’asservissement créé par l’homme dans lequel elles étaient attachées. D’autres apiculteurs se sont moqués de lui parce qu’il ne prenait plus de miel aux abeilles.
Au cours des années suivantes, de moins en moins d’abeilles sont mortes de maladies. Une population d’abeilles en meilleure santé en est le résultat. Sauf un problème gigantesque… la constatation choquante qu’il n’y a pratiquement plus de réserves hivernales en raison de la raréfaction des fleurs, des arbres à fleurs et des arbustes. Les abeilles étaient en état de famine permanent. Sans intervention humaine, elles mouraient de faim, et ce dans un village où 88 % des terres sont constituées d’hectares et de pâturages !
Comme l’existence humaine dépend en grande partie de la présence des abeilles, Hendrik a tout mis en œuvre pour créer un environnement plus favorable aux abeilles. Il a planté un grand nombre de fleurs, d’arbres et d’arbustes dans son propre jardin. Mais comme une abeille vole beaucoup plus loin, Hendrik a commencé à intervenir dans l’environnement proche. Son objectif était de rendre tout son village « inclusif » : non seulement pour les personnes, mais aussi pour les animaux, les insectes, les plantes, les arbres… Il a créé un groupe de travail sur les abeilles, un conseil environnemental qui conseille la municipalité. Il a siégé dans les organes de coordination de différentes organisations de protection de la nature. Il a créé un groupe Facebook avec un seul objectif : sensibiliser à l’importance d’un cadre de vie naturel. Son objectif n’est pas de sauver une forêt tropicale à l’autre bout de la planète, mais de sauver la biodiversité de son environnement immédiat.
Avec ou sans l’accord de la municipalité, le groupe de travail sur les abeilles plante frénétiquement des espèces anciennes d’arbres, d’arbustes et d’herbes dans tout le village. Parfois, ils se heurtent à des oppositions. Les voisins vandalisent souvent les arbres nouvellement plantés, mais les activistes ne se laissent pas décourager. Les abeilles ne sont plus le seul problème ici. Elles sont le thermomètre d’un environnement sain. Des abeilles en bonne santé sont synonymes de sols sains et de personnes en bonne santé.
À l’avenir, Hendrik prévoit d’organiser des ateliers et des conférences sur les jardins respectueux des abeilles. Il a renoncé à une carrière prometteuse et se bat, coûte que coûte, pour recréer un environnement durable dans sa commune et son pays.