# Staying the Course
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AKI ALLAHGHOLI

AKI ALLAHGHOLI

Pour commencer, je suis titulaire d’une licence en commerce et en informatique (2001), ce qui m’a amené à travailler pour IBM et la Banque Sarasin, ainsi qu’à diriger le BarRouge pendant deux ans. J’avais un style de vie très confortable avec tous les jouets et les dépendances qui viennent avec le fait d’être un précurseur du système capitaliste. Cela a conduit à un burn-out où ma voix intérieure m’a demandé un changement, un changement drastique (2008). J’ai donc tout quitté, j’ai commencé à vendre mes biens (tant de choses…) et j’ai pris la direction de l’Amérique du Sud. Je me souviens du moment de méditation au glacier Perito Moreno en Argentine, où je me suis enfin reconnecté avec les 4 éléments de la nature. Ce fut un tournant décisif dans ma vie, car j’ai promis à Mère Nature de l’aider dans tout ce qui était à ma portée.

Surmonter la peur d’une vie trop sûre et se diriger vers des territoires inconnus, incertains et potentiellement dangereux était très réel. Je me suis convaincue que si cela ne marchait pas, je pourrais toujours retourner à la banque. C’est devenu une anecdote amusante, car si vous avez senti le vent de la liberté souffler dans vos cheveux, vous ne voudrez certainement pas retourner d’où vous venez !

J’ai continué à voyager pendant des années, revenant toujours en Suisse lorsque j’étais fauché, juste pour travailler un peu et repartir. La peur existentielle a été remplacée par la confiance en soi : quoi qu’il arrive dans ma vie (ou à quel point j’étais fauché), je trouverai toujours un moyen d’y parvenir et je ne m’arrêterai pas tant que je n’aurai pas atteint un objectif. En même temps, j’ai réalisé que nous, Occidentaux, sommes tellement privilégiés que voyager n’a pas de sens profond. C’est alors que j’ai commencé à faire du bénévolat pour une ONG de conservation marine à Madagascar (2012), suivi de près par mon master en gestion durable des ressources naturelles à l’Université des Nations unies pour la paix au Costa Rica.

Ensuite, j’ai continué à me porter volontaire pour une ONG aux Philippines (2014) où j’ai consacré ma vie à la gestion des ressources côtières, aux solutions de subsistance pour les pêcheurs et surtout à la restauration des coraux. Les fausses promesses du chef de cette organisation m’ont fait tenir deux ans jusqu’à ce que je réalise enfin qu’il y a probablement plus d’égos dans la conservation et la science que dans le monde de la finance, ironiquement.

L’étape suivante était claire pour moi, je devais prendre les choses en main. Je me fais aveuglément confiance pour défendre mes valeurs, rester fidèle à mon éthique et à ma morale et demeurer incorruptible. C’est avec ces valeurs que Coralive.org est né à Bâle le 1er juillet 2016. Depuis, je travaille sans relâche à initier des projets, à récolter des fonds, à éduquer les gens, à être présent là où c’est nécessaire, etc. etc.

La semaine dernière, une étape importante a été franchie avec la sortie de notre film, qui documente le travail que nous faisons aux Seychelles. Il y a également plusieurs projets en cours d’élaboration qui pourraient être très intéressants pour les années à venir.

Je pense que le prochain défi sera de rester une ONG qui ne devienne pas un acteur de plus dans le domaine des profits pour les organisations à but non lucratif. Je ne veux pas que les coûts opérationnels, administratifs et généraux augmentent de manière exponentielle simplement parce que nous devenons plus grands. S’il est important d’avoir plus d’impact, il est tout aussi important – voire plus – de s’en tenir à la vérité de la lutte que nous menons. J’ai quelques idées en réserve sur la manière d’aborder cette situation….

Voilà, comme je l’ai dit, je ne regrette rien, sauf que j’aurais peut-être dû commencer un peu plus tôt. Mais je suppose que le moment est venu quand le moment est venu.

Genève, mai 2020

Aki

(éditions minimales, tom)