Je m’appelle Karthikeyan et je viens de Pondichéry, dans le sud de l’Inde. J’ai passé 15 ans dans un orphelinat qui a énormément enrichi ma vie. Cet orphelinat, appelé Baby Sarah’s home (une unité du Integrated Rehabilitation & Development Centre – IRDC), est un endroit très spécial. Il accueille 111 enfants marginalisés, handicapés ou non. Dans notre maison, nous étions égaux. Nous jouions ensemble, vivions ensemble et nous nous entraidions. Chacun avait ses responsabilités. Ce n’est que dans le monde extérieur que les différences sont devenues plus visibles. Je pouvais aller à l’école, mais pas mes frères et sœurs handicapés intellectuels.
Plus tard, lorsque nous avons grandi, ceux d’entre nous qui faisaient partie de la population générale ont trouvé un emploi et se sont sentis intégrés dans la société. Mais nos frères et sœurs handicapés intellectuels n’étaient toujours pas acceptés et étaient traités avec pitié plutôt qu’avec empathie. Cela m’a mis en colère. Je trouvais injuste de sous-estimer leurs capacités. J’avais l’impression que leur potentiel n’était pas exploité.
L’un de mes frères n’a pas eu la chance d’aller à l’école. Mais il a eu la chance de suivre une formation professionnelle pour devenir mécanicien automobile et il était très compétent. Mais finalement, il n’a pas pu trouver de travail parce que l’employeur a tenu compte de son handicap et non de ses possibilités.
Pendant mon séjour à l’orphelinat, quelques incidents ont changé ma perception de ce qu’il fallait faire pour libérer le potentiel des personnes handicapées mentales. L’un de mes frères souffre d’un handicap modéré et lui, qui a toujours été assez indépendant, a changé de personnalité lorsque nous avons grandi. Lorsqu’il était enfant, au milieu d’autres enfants, il se comportait bien. Mais une fois devenu adulte, il ne s’est pas senti suffisamment valorisé. J’avais l’impression que le fait de rester parmi les enfants ne favorisait pas son potentiel. Je me suis souvent demandé si cette situation n’aurait pas pu être évitée en créant une communauté où des adultes non handicapés et des adultes handicapés intellectuels pourraient travailler et vivre ensemble et où chacun aurait la possibilité de réaliser son plein potentiel. Ces expériences m’ont amené à fonder la Fondation Sristi en 2013.
La Fondation Sristi, une organisation à but non lucratif, est basée dans le village de Konamangalam, dans le district de Villupuram, au Tamil Nadu (à 30 km de Pondichéry). L’organisation gère plusieurs projets qui visent tous à renforcer les capacités des personnes défavorisées et handicapées. La Fondation Sristi gère plusieurs projets différents.
Notre école spéciale Sristi accueille de jeunes enfants ruraux souffrant de déficiences intellectuelles et de troubles du développement, qui sont exclus de l’enseignement ordinaire, et leur offre une éducation adaptée à leurs besoins spécifiques.
Le village Sristi est une ferme et un village autosuffisants destinés aux personnes handicapées et à d’autres personnes marginalisées dans la société, afin qu’elles puissent vivre dans un environnement sûr, sécurisé et stimulant. S’étendant sur près de 9 acres, le village abrite actuellement 50 membres qui vivent, mangent et travaillent en communauté sur la terre. Le village est un espace paisible, inclusif et amical où chacun est traité avec respect et encouragé à réaliser son potentiel, l’objectif ultime étant de donner aux membres des compétences leur permettant de gagner un revenu indépendant.
Sristi entreprend également des recherches et des services dans le domaine des handicaps intellectuels en Inde.